Ces marques qui font de la seconde main un choix malin

Publié par le

Les préoccupations écologiques et les exigences de la RSE poussent les marques à miser en partie sur la seconde main afin d'être en accord avec les nouvelles exigences des consommateurs. De nombreuses solutions voient le jour : plateformes d'échange, matérialisation... On fait le point !

Je m'abonne
  • Imprimer
© Copyright (c) 2014 Petar Neychev.http://petarneychev.com

La seconde main un choix qui se multiplie quelque soit le domaine d'activité

La seconde main est devenue en l'espace de quelques années le bras armé des détracteurs de la fast fashion. Les plateformes de seconde main se multiplient à mesure que les enseignes comprennent les enjeux de ce business prometteur. Plutôt que de se laisser disrupter par la concurrence, elles intègrent l'occasion à leur offre. Nouvelle clientèle, cible élargie, allongement de la durée de vie d'un produit, les marques et enseignes se positionnent désormais sur les nouvelles valeurs responsables plébiscitées par les consommateurs et au coeur des enjeux sociétaux. Le marché de l'occasion pèse près de 5 milliards d'euros dans le monde. Aussi bien dans le prêt-à-porter que dans les produits du quotidien, la seconde main prend de l'ampleur. Les plus jeunes générations s'investissent et sont de plus en plus regardantes quant à la durée de vie d'un produit et à sa qualité. L'industrie de la fast fashion et la surconsommation induite par les sites d'e-commerce sont désormais pointées du doigt et font face à une inversion de la tendance.

Désormais, c'est la slow fashion et la seconde main qui priment, les Millennials sont les consommateurs les plus engagés en matière de seconde main. Parmi les acheteurs de ce secteur, ils représentent 33% de la clientèle. Selon un rapport ThredUP, plateforme de mode d'occasion aux États-Unis, le marché de l'occasion croît 24 fois plus vite que celui des retailers traditionnels. À terme, le rapport précise qu'un dressing type sera constitué essentiellement d'articles de seconde main. Même les influenceurs s'y mettent, encourageant leurs communautés à se diriger vers ce type de consommation. L'enjeu actuel des marques et retailers est de prendre le lead sur ce marché en plein essor. Comment procéder ? Si beaucoup ont pris le parti de se calquer sur la plateforme de référence, à savoir Vinted, d'autres décident d'innover en proposant de nouvelles solutions en disruption totale avec le géant lituanien. C'est le cas d'Asos qui fait le choix d'ouvrir sa marketplace à des marques et créateurs indépendants, qui se gèrent en autonomie totale, tout en respectant l'image et les valeurs de la marque. Pour sa part, The Second Life propose un système totalement différent avec son application accessible aux acheteurs et aux retailers. Le digital connaît un essor toujours croissant, pourtant, certaines marques et enseignes prennent le parti de proposer de la seconde main dans des corners spécialisés en magasin.

© © Simon Lehmann

Vinted : le porte drapeau de la seconde main dans le monde

Située au quatrième rang des sites d'e-commerce en France, la plateforme lituanienne Vinted créée en 2008 s'est imposée comme modèle dans le marché de la seconde main textile. La marque connaît un franc succès depuis quelques années déjà, le confinement n'a fait qu'accentuer la tendance... La plateforme qui comptait 12 millions d'adeptes en 2019 a ainsi vu leur nombre augmenter de 4 millions en seulement un an. Par la même occasion, on observe une hausse d'environ 16 % d'articles mis en ligne à la même période. Figure de proue d'une consommation plus responsable, Vinted a, de par son succès, incité plusieurs marques à se lancer sur le marché de la seconde main actuellement en pleine croissance. Ainsi, plusieurs enseignes de prêt-à-porter se sont lancées soit dans la récupération d'habits, comme H&M, soit dans la vente de produits d'occasion, à l'image de Kiabi. Sans le savoir, la plateforme a opéré une sorte de démocratisation de la seconde main dans l'Hexagone.

À l'échelle nationale, on retrouve Le Bon Coin qui n'a pas fait le choix de se cantonner uniquement au secteur du textile. Créée en 2006, la plateforme affichait une belle croissance depuis deux ou trois ans, 2,5 millions de visiteurs mensuels en 2009 contre 28 millions aujourd'hui. Tout comme Vinted, elle a cependant constaté un pic des visites et des transactions durant la crise sanitaire. Ce soudain engouement autour des plateformes de ce type s'explique par une conscience écologique de plus en plus présente chez les consommateurs. Plus soucieux de l'environnement, ils font de la lutte contre le gaspillage une priorité.

Ces marques qui développent leur propre plateforme de seconde main

Les plateformes de revente ont déjà très largement prouvé leur efficacité pour lutter contre le gaspillage et prolonger la durée de vie d'un produit. De nombreuses marques se lancent et ouvrent leur propre plateforme de seconde main pour répondre au "mieux consommer" que réclament les consommateurs. Depuis septembre 2020, Bocage propose une offre de location de chaussures, permettant de rendre pérenne sa vision d'une mode durable. Avec l'Atelier Bocage, la marque propose une location de chaussures à 29 € par mois et donne la possibilité aux clients d'acheter définitivement la paire avec une réduction de 60 %, offrant une seconde vie à ses produits.

Veepee a également déployé son service Re-Turn, une plateforme de revente d'articles achetés auprès de l'e-commerçant par des particuliers. Le petit plus de Re-Turn ? C'est la garantie pour le revendeur que son article sera repris quoi qu'il arrive. Le produit est proposé sur la plateforme pour une durée de quelques jours, si d'autres consommateurs sont intéressés par le produit ou le service. Si jamais l'article ne trouve pas preneur, le client est remboursé. Une alternative séduisante pour les utilisateurs de Veepee, garantissant un engagement de la part de l'e-commerçant. La marketplace d'ASOS est une autre façon de mettre en avant la seconde main. Lancée en 2010, elle regroupe plus de 1000 boutiques, dont de très nombreuses friperies qui vendent leurs pièces de seconde main sur un e-shop à leur nom directement intégré sur la marketplace. ASOS laisse les marques gérer elles-mêmes la logistique de vente et la mise en valeur des produits. Les revendeurs sont minutieusement sélectionnés, puisqu'ils doivent remplir un cahier des charges précis montrant l'intérêt qu'ASOS tente de donner depuis plusieurs années à sa marketplace.

© Kaspars Grinvalds - Fotolia

The Second Life : Une solution clef en main pour rebooster le marketing local

Créée par Thunderstone, entreprise spécialisée dans le développement de plateformes phygitales, The Second Life a fait son arrivée sur le marché le 19 mai dernier. Cette solution retail se présente sous forme d'application et permet aux commerçants de se lancer sur le marché de la seconde main. Ainsi, sur le modèle des plateformes en ligne, ces derniers développent une activité de collecte et de revente d'articles au coeur de leurs magasins. À l'aide de son application, le vendeur fixe les conditions de reprise avec un tarif défini par argus intégré. Une fois la transaction effectuée, le client reçoit un bon de commande à dépenser en magasin. Les articles sont soit revendus en magasin dans un corner dédié, soit confiés à des plateformes partenaires telles que Vestiaire Collective. Le fonctionnement de la solution est le suivant :

- Le client dépose ses vêtements en magasin, en suivant les conditions de reprise disponibles depuis l'application.

- En suivant l'argus, le vendeur fixe le prix depuis l'application, crée un fichier client et prend une photo de l'article.

- Un bon d'achat lui est immédiatement envoyé. Dès lors, il peut l'utiliser dans le magasin dans un délai de trois mois.

Une solution comme The Second Life permet aux commerçants de s'inscrire dans une démarche écoresponsable et ainsi de s'accorder avec les exigences des consommateurs. Elle permet par la même occasion de dynamiser le trafic en magasin en attirant et en fidélisant une nouvelle clientèle. Les bons d'achat fournis aux clients qui jouent le jeu permettent, eux, d'augmenter les ventes du retailer.

© ©Yann Avril

La seconde main fait sa place sur les réseaux sociaux

Le social commerce, tout le monde connaît désormais cette tendance qui a émergé ces dernières années avec l'accélération considérable que les réseaux sociaux connaissent. Les réseaux sont devenus de véritables vitrines virtuelles sur les produits des marques. Aujourd'hui, la seconde main sur les réseaux sociaux connaît une accélération croissante avec la marketplace de Facebook lancée en 2017. Meubles d'occasion, vêtements, chaussures ou encore appareils électroniques, les utilisateurs du réseau peuvent désormais acheter en direct. La marketplace ne propose pas de paiement intégré, mais met en contact vendeurs et acheteurs, comme les sites de petites annonces. Facebook a pensé son espace de vente pour une utilisation mobile simplifiée dès le départ permettant de concurrencer sérieusement Le Bon Coin ou eBay en France. Le nouveau réseau qui vient appuyer les plateformes de revente ou la marketplace de Facebook, c'est TikTok. Les utilisateurs réalisent des vidéos courtes d'une trentaine de secondes pour présenter leur vide-dressing en donnant les informations nécessaires à la récupération des objets vendus ou donnés. En plus de cette nouvelle pratique, une autre tendance émerge sur TikTok : des utilisateurs se filment en suivant les conseils d'un autre utilisateur sur une fripe à essayer absolument et offrent ainsi une visibilité importante sur le nouveau réseau social des jeunes. Une publicité non négligeable pour des shops souvent petits et, pour la plupart, peu modernes, mais qui commencent à prendre la main sur les réseaux grâce à cette visibilité et l'effet de mode de la seconde main.

Lizee, la plateforme qui héberge de la seconde main en location

Le virage écoresponsable est dans tous les esprits des consommateurs et des retailers. Parmi les leviers de transformation responsable figure l'intégration de la location dans leur business model. La start-up Lizee les accompagne ainsi pour déployer un service complet de location de leurs produits, comprenant un site web dédié. La plateforme gère toute la partie logistique : prise en charge, expédition, récupération et remise à neuf du produit, évitant ainsi aux enseignes et marques de s'en préoccuper. Decathlon a, par exemple, déployé ce service pour ses marques Quechua, Domyos et Forclaz. "Nous accompagnons les acteurs du retail dans une démarche plus durable et vertueuse, avec pour double bénéfice celui de participer à la préservation de la planète, mais aussi à la croissance des entreprises : augmentation des marges, opportunité de toucher de nouveaux consommateurs comme les Millennials, etc", explique Tanguy Frécon, fondateur de Lizee. Le concept de location que propose la start-up Lizee permet de faire remonter auprès des marques les éventuels points faibles des produits tout en leur offrant une seconde vie pour les faire durer plus longtemps. Seconde main et location font bon ménage, mais cette solution semble, pour l'instant, correspondre à des produits utilisés à courte fréquence, comme des tentes et plus largement du matériel de camping ou encore des vêtements pour enfant.

Les corners spécialisés en magasin : l'avenir de la seconde main ?

La crise sanitaire et les confinements successifs ont exacerbé la conscience environnementale des Français. Cet éveil des consciences n'a pas échappé aux marques qui ont décidé de développer leur aspect RSE pour mieux s'accorder aux attentes des usagers. C'est pourquoi, dans certains magasins, il est désormais possible de trouver des corners entièrement dédiés à la seconde main, et ce, quel que soit le secteur (textile, équipements de randonnée, matériel de sport, etc.). Des enseignes telles que Kiabi, Jules ou encore Au Vieux Campeur ont ainsi pris le parti de proposer à leur clientèle des articles d'occasion. Si le marché de la seconde main est déjà très développé sur le web, peu de moyens étaient déployés en physique. C'est pourquoi certaines marques ont décidé d'y remédier en rendant par la même occasion le concept accessible à une clientèle plus large. Dans les enseignes Au Vieux Campeur, Kiabi et Eram, on encourage les clients à ramener les vêtements, chaussures et équipements dont ils ne se servent plus en magasin. En contrepartie, un bon d'achat leur est remis par les vendeurs. Libre à eux, ensuite, de l'utiliser ou non... Avant la crise, on retrouvait déjà des corners dédiés à la seconde main dans des supermarchés et hypermarchés Auchan. Toutes ces initiatives inscrivent les marques et leurs consommateurs dans une démarche écoresponsable.

Fiona Gentilleau & Élodie Gros-Désir

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

Sur le même sujet

Retour haut de page