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Hors Normes veut sauver les fruits et légumes moches

Publié par Philippe Lesaffre le | Mis à jour le

gabriel gurrola unsplash

La start-up Hors Normes achète des fruits et légumes hors des calibrages de la grande distribution pour les vendre aux particuliers. L'objectif : réduire drastiquement le gaspillage alimentaire en offrant une "vie" à des produits parfois moches.

Son idée, au départ : lancer une entreprise à impact environnemental. Mais dans quel domaine ? Sven Ripoche découvre que le gaspillage alimentaire représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Un chiffre immense. Lui l'ancien employé de La Fourchette, se rend compte assez rapidement que la moitié du gâchis se déroule lors de la production et de la transformation. « Dans les champs, indique-t-il, plus de 5 % des fruits et légumes sont écartés volontairement en raison de leur calibrage ou d'un défaut esthétique. Voire, tout simplement, d'un surplus de production."

Le volume d'une récolte peut être plus important qu'à l'accoutumée à cause du mercure qui s'affole, en particulier. Des fruits peuvent mûrir plus tard que prévu, et, à ce moment-là, il est possible qu'ils présentent moins d'intérêt aux yeux de certains consommateurs... Bref, le constat est amer, des aliments sont mis de côté alors qu'ils présentent un intérêt gustatif et nutritif non négligeable.

Sven Ripoche s'associe avec Grégoire Carlier et Claire Laurent, ils créent en 2020 l'entreprise Hors Normes afin de lutter contre ce grand gaspillage et d'offrir une voie de secours à ces légumes parfois moches. La start-up, aujourd'hui, travaille avec plus de 200 paysans, répartis sur l'ensemble du territoire. Ce qui leur permet de bénéficier d'une diversité de fruits et de légumes bio. L'ambition : acheter cette production mise de côté et la distribuer en Île-de-France, à Paris et en banlieue, à Lyon, à Marseille, ainsi qu'à Lille.


Sensibiliser les consommateurs

« On propose des paniers de taille différente à un tarif inférieur aux magasins bio de 30-40 %. » Il n'y a pas d'intermédiaires. Les productions sont acheminées vers des entrepôts, en particulier celui de Hors Normes, à Orly, près de Rungis. La start-up collabore également avec d'autres structures pour préparer les commandes, comme avec l'association Andes, du groupe SOS, visant à aider des personnes intégrées dans un parcours d'insertion professionnelle (La Banaste de Marianne, à Marseille). Hors Normes, qui récupère également des produits d'épicerie, va plus loin et lance sa marque éponyme pour offrir une « vie » à des "invendables", à l'instar de lentilles pas assez rondes, par exemple.

But du jeu, toujours : sauver des produits ; en tout cas, une partie d'entre eux. Car le volume est tel que Hors Normes ne peut tout récupérer, comme l'indique Sven Ripoche : « L'autre semaine, on a été contactés par 160 agriculteurs, on n'a pu en aider qu'une vingtaine... » Alors, il faut sensibiliser, jamais cesser. Y compris du côté des citoyens, dit-il : "Si tous ces fruits et légumes sont écartés, c'est parce qu'ils ne sont pas choisis de l'autre côté de la chaîne et qu'ils sont laissés au fond des rayons dans les magasins... »