CEC : les entreprises au front climatique

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CEC : les entreprises au front climatique

Après les citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat, c'est au tour des dirigeants de se mobiliser pour la réduction des émissions carbone, à travers la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC). Ensemble, ils veulent construire un nouveau modèle économique respectueux du vivant.

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C'est " un immense défi ", souligne Frédéric Daniel, directeur du développement de Reforest'Action, l'une des entreprises participantes à la CEC. La toute nouvelle Convention des Entreprises pour le Climat veut émettre des feuilles de route destinées aux entreprises, pour les aider à tenir les engagements français et européens de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030.

Durant une année, du jeudi 9 septembre 2021 au samedi 18 juin 2022, dans plusieurs villes françaises, 150 dirigeantes et dirigeants se réuniront à six reprises pour des sessions d'échanges et de travail de deux jours.

Les membres sont volontaires et sélectionnés par la CEC pour représenter au mieux l'économie française. Parmi eux, des géants de l'industrie tel Renault Trucks, mais aussi le brasseur Pietra, le club professionnel de rugby de Lyon ou encore Daniel Hechter. Surtout, beaucoup de start-up et de PME à mission ou déjà engagées dans la lutte pour le climat, telle Faguo, la première marque de mode française à avoir adopté le statut de société à mission. " Faguo existe pour engager sa génération contre le dérèglement climatique et cette convention a le même espoir ", souligne son cofondateur, Frédéric Mugnier.

À eux tous, ils représentent 250 000 collaborateurs et plus de 36 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

La relève de la Convention citoyenne

Inspiré par le discours de clôture de la Convention Citoyenne pour le Climat, Eric Duverger, cadre chez Michelin, comprend la nécessité de faire bouger les lignes au niveau des entreprises. Au départ, " une prise de conscience personnelle : la RSE classique ne suffira pas à inverser les courbes ", explique-t-il. Selon lui, la Convention Citoyenne mise sur pied par le président Macron a envoyé un message aux entreprises : celles-ci doivent prendre le relais. Il pose alors les fondations de la CEC, une association loi 1901, indépendante et apartisane, qui compte aujourd'hui plus de 70 bénévoles.

À la différence de la Convention Citoyenne, la CEC est une initiative spontanée, non commanditée par le chef de l'État. " La première mission de la CEC est de placer les entreprises au coeur de la transition, afin de résoudre la dissonance entre effondrement écologique et priorités économiques ", détaille Eric Duverger.

Pour ce faire, la Convention imagine trois étapes : rediriger les entreprises participantes, grâce aux 150 feuilles de route élaborées avec celles-ci. Ensuite, les participants doivent devenir des " porte-étendards de la transition environnementale de l'entreprise. " Le but ? " Créer un effet d'entraînement et de démultiplication de l'initiative, à la fois régional et sectoriel ", ajoute Eric Duverger.

Il s'agit, in fine, de toucher le monde institutionnel français et de faire émerger une trajectoire ambitieuse.

Pouvoir d'exemple

La CEC peut avoir " la force d'action qui a manqué à la Convention Citoyenne pour le Climat ", estime Guillaume Fraty, un des 150 citoyens de la Convention Citoyenne, qui rempile comme bénévole pour la CEC.

Alors que les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat ont été largement rabotées par le gouvernement, la CEC peut agir d'elle-même. " Nous sommes maîtres de notre destin, approuve Frédéric Daniel. Les 150 citoyens étaient là pour inspirer un gouvernement qui lui, avait la liberté de les écouter, d'appliquer ou pas. Pour nous, c'est radicalement différent : nous faisons les choses. " Comme Éric Duverger, il est convaincu du pouvoir d'exemple de la CEC : " Nous avons une capacité d'influence et d'action sur les autres entreprises. " Une capacité d'influence aussi reconnue chez Faguo : " Ce serait un super message que les 150 membres de CEC puissent commencer à cheminer pour toutes devenir 'entreprise à mission'...cela contribuerait à transformer le monde ", imagine Frédéric Mugnier.

Une " claque "

Le jeudi 9 septembre 2021, à l'ESTP Paris (campus de Cachan, Val-de-Marne) et à l'instar de la Convention Citoyenne, la première session de la Convention des Entreprises, " Constat et monde d'après " est ouverte par Valérie Masson-Delmotte. Cette dernière est coprésidente du groupe numéro 1 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Elle revient sur le dernier rapport du GIEC, publié au coeur d'un été 2021 marqué par les catastrophes naturelles : le but est d'infliger aux dirigeants une " claque climatique ".

Frédéric Daniel avoue avoir ressenti " une grosse pression " et " de l'abattement ", avant d'évoquer également un enthousiasme général au sein des participants. Il note " un engagement unanime, partagé et équivalent " de la part de tous, quels que soient leur taille ou l'avancement de leurs plans d'action.

Frédéric Mugnier témoigne pour sa part d' " une incroyable énergie qui se dégage ", même si après le constat, " il faut rentrer dans le vif du sujet. " Pour lui, la CEC doit dresser " un plan d'action clair à la fois pour les 150 entreprises participantes, mais aussi pour sensibiliser le reste du monde économique. "

Chez Reforest'Action, on approuve également cette idée. " L'ampleur du mouvement déterminera le succès, analyse Frédéric Daniel. Ce qui me tient à coeur, c'est que nous arrivions à insuffler, à inspirer et faire en sorte que ces feuilles de route sectorielles soient reprises par un maximum d'entreprises. Le vrai succès, c'est la grande transformation de toute l'économie. " Le dirigeant est catégorique : " Une entreprise ne peut pas vivre sur un champ de guerre ". Les participants de la CEC n'ont déjà plus que cinq sessions pour s'atteler à ce défi ambitieux : la prochaine, intitulée " Nouveau Cap ", se tiendra du mercredi 20 au vendredi 22 octobre 2021.

 
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