D'une façon globale, on ne favorise pas assez l'économie circulaire

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D'une façon globale, on ne favorise pas assez l'économie circulaire

Organisation professionnelle des fabricants de carton ondulé français, Carton Ondulé de France a pour mission de valoriser cette filière industrielle clé. Un modèle d'économie circulaire dont Philipe Durand, président de Carton Ondulé de France et Kareen Desbouis, déléguée générale de Carton Ondulé de France, nous dévoilent les enjeux.

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Pouvez-vous nous présenter Carton Ondulé de France en quelques mots ? :
Philippe Durand (président de Carton Ondulé de France) :

L'industrie du carton ondulé en France représente 73 unités de production, 11 600 salariés directs pour 40 000 emplois directs et indirects. Le chiffre d'affaires de l'organisation professionnelle Carton Ondulé de France s'élève à 2,9 milliards pour une production de 5,3 milliards de mètre carrés, soit 2,6 millions de tonnes de cartons ondulés par an.

Nous représentons 70% de la production française et accompagnons les producteurs de cartons ondulés en France qui produisent ce matériau responsable et stratégique pour les secteurs des transport & logistique et du commerce.

Quels sont vos sites de production ?

Philippe Durand
Nous avons pour adhérents 5 groupes de dimensions nationales et internationales. Ils sont répartis sur toute la France, ce qui permet d'avoir un maillage important sur tout le territoire.

Comment se porte l'industrie du carton recyclé en cette période de crise sanitaire??

Philippe Durand
L'année 2020 a été mauvaise pour l'ensemble de l'industrie. Les statistiques de 2020 présentent une chute de 3% de l'activité alors qu'en temps normal, c'est une industrie qui progresse de 0,5% à 1% par an. Comme nous emballons tous type de produits industriels (60% issus de l'agroalimentaire et 5% à 10% issus de l'industrie e-commerce), nous ne dépendons pas de la chute d'une seule industrie. Sur les 11 premiers mois de l'années 2021, la hausse est de 5,5% par rapport à 2020 et 1,5% par rapport à 2019. Nous reprenons un rythme de croissance naturelle et espérons une meilleure reprise liée à notre capacité à remplacer le plastique.

Les fibres vierges proviennent de sous-produits de l'exploitation des forêts, expliquez-nous le processus de fabrication ?

Philippe Durand

Nous recyclons 92% des emballages cartons et, en France, la production est faite en grande majorité à partir de papier recyclé : nous en intégrons en moyenne 88% dans nos emballages. Pour ce qui est des 12% restant de fibres vierges, il est important de garder en tête qu'on ne coupe pas d'arbres pour faire du papier : les grands arbres sont exploités pour l'ameublement et le bâtiment, l'industrie papetière utilise une partie des co-produit de cette industrie. La majorité des papetiers gèrent leur propre forêt et replantent eux-mêmes pour une gestion durable.

Quel est l'impact des dernières règlementations comme la loi Agec, sur les emballages et leurs mises en oeuvre ?

Kareen Desbouis

Dans la recherche de solutions pour agir face au réchauffement climatique, il y a une certaine facilité de réponse car des idées vont être d'emblée considérées comme acquises alors qu'elles ne reflètent pas la réalité. Prenons l'exemple du vrac (qui a terme devra concerner 20% des surfaces de supermarchés), dont l'impact n'est pas toujours meilleur que celui des préemballés. Sans compter les problématiques que cela induit : hygiène, traçabilité des produits...

L'autre exemple, qui nous concerne directement, est l'opposition qui est systématiquement faite entre usage unique et réutilisation avec la volonté du législateur de favoriser le réemploi plutôt que l'usage unique ce qui n'est pas toujours opportun. Pour nous, il y a deux modes de réutilisation : l'objet ou la matière. La volonté de réutiliser la ressource le plus longtemps possible peut passer par ces deux modes, et le choix doit être fait en fonction des impacts sur l'environnement. Nous réutilisons la matière en reformant le papier pour avoir un emballage le plus adapté possible au produit, à son circuit logistique et son mode de distribution.

Philippe Durand

Le recyclage est une forme de réutilisation en somme, car nous refaisons la matière avec la même matière. L'organisation de notre boucle est assez efficace aujourd'hui pour que son impact environnemental soit souvent moindre que dans la réutilisation de l'emballage, contrairement à ce que l'on pense naturellement. Et nos emballages répondent aux désirs des consommateurs : emballages recyclables, bio-sourcés et conçus à proximité des lieux de production.

Quels sont vos objectifs pour 2022 ?

Philippe Durand

Nous accompagnons nos adhérents en les aidant à répondre aux défis et aux enjeux de leurs clients. Il s'agit à la fois d'innover pour consommer le juste emballage mais aussi de les aider à mieux appréhender les évolutions de consommation

Kareen Desbouis (déléguée générale de Carton Ondulé de France)

Nous devons nous adapter aux nouveaux modes de consommation : drive, e-commerce, vrac et accompagner nos clients qui souhaitent substituer leurs emballages plastiques tout en continuant à garder notre ADN. Nous avons 95% de taux de recyclage, c'est un des meilleurs taux dans les matériaux d'emballage en France et en Europe. La fibre de cellulose est réutilisée en moyenne 8 fois, c'est notre ADN de réutiliser la matière.

Le tri des déchets, n'est-il pas aussi le nerf de la guerre ?

Kareen Desbouis

Il y a un important travail d'éducation à faire via les éco-organismes et quand on regarde comment le tri des déchets est organisé, on se rend compte qu'il y a encore un grand nombre de difficultés, comme la place que peuvent prendre les grandes poubelles de tri en ville. Le tri des déchets est un mécanisme d'amélioration continue pour capter toute la fibre qui est une ressource et non un déchet.

Philippe Durand

Notre industrie participe à la mise en place du système de recyclage des emballages ménager depuis sa création. Notre organisation REVIPAC donne une garantie de reprise universelle aux municipalités, où qu'elles soient. Les outils de récupération, de tri et d'industrialisation du tri existent. Il y a encore un vrai effort à faire pour favoriser la reprise facile des cartons, notamment avec l'essor du e-commerce. Et d'une façon globale, on ne favorise pas assez l'économie circulaire. Il faut rappeler que l'emballage n'est pas un déchet, il a eu un rôle et une fonction avant d'arriver chez le consommateur, et il est une ressource une fois dans le bac de tri.


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