Philanthropie : comment allier environnement et entreprise

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Philanthropie : comment allier environnement et entreprise
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7% de la philanthropie française représente celle dédiée à l'environnement. Cause mondiale et urgente, le changement climatique inquiète mais pour ce qui est du mécénat, peine à mobiliser.

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La philanthropie environnementale ne représente que 7% du mécénat en France. Malgré l'engouement des entreprises pour développer leur RSE, la philanthropie environnementale n'est pas un sujet prioritaire pour ces mêmes entreprises.

Comment expliquer cet écart entre engouement et réalité économique ? Bertrand Thomas, président fondateur de Caudalie et membre du 1% for the Planet France et Charles Kloboukoff, président fondateur de Compagnie Léa Nature et Président du 1% for the Planet France se sont posé la question.

Une première démarche en interne

Les deux entrepreneurs expliquent en premier lieu qu'il s'agit d'une démarche au sein de l'entreprise. Charles Kloboukoff précise que " l'idée de Caudalie est de promouvoir des alternatives dans le domaine de l'agrochimie, de la santé, et des cosmétiques, en favorisant l'usage des plantes et de l'alternative naturelle. Ce qui nous a amené à nous soucier de l'agro-écologie, de la traçabilité des produits, de l'éco-conception au niveau de l'entreprise. "

Ce n'est qu'après cette démarche interne qu'il s'est tourné vers la philanthropie environnementale : " Cela s'est traduit à l'adhésion au fond du 1% for the Planet, en 2007, à la création d'une fondation en 2011. Mais avec le recul cela paraissait évident ", explique-t-il. La recherche de cette cohérence entrepreunariale est la première des clés vers une philanthropie environnementale. " Il faut beaucoup d'humilité, chez Caudalie nous ne frimons jamais avec ça, c'est un parcours exploratoire, nous découvrons parfois que ce que l'on pensait éco-responsable ne l'est pas au final ", explique le président fondateur de Caudalie.

Ce chiffre de 7% n'est pas si étonnant pour Charles Kloboukoff : " Ce chiffre est en train d'évoluer. La philanthropie est souvent guidée par l'émotion ou les parcours personnels, et l'environnement, même si ça nous concerne tous et qu'il y a eu des catastrophes, c'est plus difficile de s'en imprégner. Il faut d'abord cultiver notre savoir faire avant de le faire savoir, sinon cela peut se retourner contre nous et peut-être que cette contrainte peut freiner. On ne peut pas faire du mécénat environnemental qui si on n'a pas instauré et développé une démarche en interne adaptée à l'entreprise. Dans la production de nos biens, dans la gestion de nos énergies et de nos bâtiments ".

En terme d'économie, l'équilibre entre sobriété environnementale et rentabilité économique n'est pas facile à atteindre et requiert beaucoup de patience. " L'équation d'une rentabilité économique couplée à une démarche environnementale est un développement très long, qui englobe des surcoûts mais qui seront amortis après 10 ou 15 ans contre quatre ou cinq ans en temps normal ", insiste le président de la compagnie Léa Nature.

Santé humaine et environnementale

Chaque entreprise philanthrope à sa cause environnementale. Pour Caudalie, ce sont les arbres qui sont prioritaires dans leur démarche : " Nous en plantons près d'un million par an, depuis le début, nous somme presque à neuf millions. Un arbre va stocker six tonnes de CO2 par an ", indique Bertrand Thomas.

Charles Kloboukoff veut alerter et sensibiliser sur le lien entre santé humaine et santé environnementale, en montrant l'impact des pesticides et des perturbateurs endocriniens sur l'homme et donc sur l'environnement. Mais après avoir trouvé sa cause, il faut savoir vers quels acteurs se diriger, quelles associations approcher.

" Un des soucis est de savoir avec quelle association on travaille, il est très facile de se faire avoir dans le domaine de la philanthropie environnementale. Il faut des audits et du contrôle. Nous travaillons beaucoup avec les gens que l'on a rencontré et qui nous inspire confiance ", explique Bertrand Thomas.

L'entreprise, les citoyens et les autres acteurs comme les associations et les ONG ont tous un rôle à jouer dans la situation climatique actuelle et future. Pour le président de Léa Nature, qui se considère comme " faisant partie des utopistes qui pensent que l'entreprise fait partie, au même titre que les citoyens engagés, du changement en première ligne ", c'est aussi aux entreprises, de faire évoluer les mentalités et les pratiques, notamment vis-à-vis des gouvernants.

Bertrand Thomas quant à lui met en avant " la valeur de l'exemple d'entreprise ", pour inspirer et inciter tout acteur qui souhaite voir émerger le changement.


 
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