Un électricien écologique et hors tension

Publié par Julien van der Feer le | Mis à jour le
Un électricien écologique et hors tension

Électricien et chef d'entreprise responsable, Benjamin Mazuel dépense une énergie folle à en économiser. Ses outils : remplacer le camion par le vélo, trier et recycler le plus possible. Une démarche qui fonctionne.

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Parcourir des dizaines de kilomètres chaque jour pour se rendre à l'usine, puis additionner les heures de route en camion, afin de remplir des missions tenant plus de la simple maintenance que des véritables chantiers. Contribuer à la vente de produits très peu durables. Voir les déchets non triés s'accumuler dans les bennes dans l'indifférence générale...

Après cinq ans d'intérim, en tant qu'électricien, Benjamin Mazuel a fini par trouver tout cela assez absurde. "Le déclic m'est venu lorsque j'ai vu jeter dans les containers des sachets d'objets neufs, issus de kit non utilisés... Je me suis dit qu'il était temps de devenir mon propre patron et de faire enfin concorder mon travail avec mes valeurs environnementales", se rappelle-t-il. Baptisée C-Velec, une société d'un genre un peu nouveau puisque, sauf exception, son patron ne se déplace qu'à vélo, dans un rayon de quelques kilomètres.

Un vélo électrique... ou pas

Quand il s'agit d'un simple rendez-vous ou d'un dépannage, le jeune artisan enfourche son vélo de course. Bien optimisée, sa mallette tient alors facilement dans un sac à dos. Lorsque du transport de matériel s'avère nécessaire, il opte pour un vélo à assistance électrique complété d'une remorque de son cru, construite à partir d'une cantine militaire recyclée. "J'ai déjà fait plusieurs gros chantiers, dans des restaurants par exemple, cela ne pose aucun problème. Il suffit de bien s'organiser et d'entretenir son vélo, souligne-t-il. Le changement est plus difficile à amorcer sur le plan psychologique que d'un point de vue matériel."

Depuis un an et demi, Benjamin Mazuel estime parcourir ainsi 150 à 200 km par semaine. Une économie importante en termes d'émissions de GES, mais pas seulement... "Si l'on additionne l'achat d'un véhicule motorisé, l'usure du matériel, les coûts d'entretien, d'essence et d'assurance, on totalise vite 10 000 € de frais par an contre 500 à 600 € pour mon vélo électrique, analyse le patron cycliste. Mais j'ai surtout gagné en confort de vie. Conduire un véhicule plus lent aide à freiner globalement la cadence et à s'éviter de stress."

Autre cheval de bataille de Benjamin Mazuel : la lutte contre le gaspillage. Chaque fois que c'est possible, il utilise des matières premières et du matériel de récupération, en parfait état, transformant par exemple les câbles courts issus de chantiers précédents en colliers très acceptables. Le jeune électricien trie également ses déchets avec soin, jusqu'au plus petit morceau de cuivre.

Quant aux choix de ses fournisseurs, ils dépendent de la qualité de leurs produits, mais aussi de leur lieu de production, français ou européen de préférence. Trouver des ampoules tricolores s'est avéré difficile mais la persévérance de Benjamin Mazuel vient peut-être enfin de payer... Tous ces efforts lui demandent du temps, mais ils lui permettent aussi d'économiser bien des frais inutiles.

"Tout s'équilibre. J'ai du mal encore à me comparer mais mes devis sont acceptés. " Si le bouche-à-oreille lui est favorable, le jeune homme se refuse à faire de ses différences un argument commercial. " Je ne fais rien d'exceptionnel. De nombreux Clermontois vont travailler à vélo par exemple. Cela ne devrait même plus être un sujet", conclut le patron-cycliste.

Repères

RAISON SOCIALE : C-Velec

STATUT : Entreprise individuelle

ACTIVITÉ : électricité générale

LOCALISATION : Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)

CRÉATION : octobre 2019

DIRIGEANT : Benjamin Mazuel, 28 ans

EFFECTIF : 1 personne

CA : NC

 
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