La métallerie Beaumesnil renaît grâce à ses (anciens) salariés

Publié par Julien van der Feer le - mis à jour à
La métallerie Beaumesnil renaît grâce à ses (anciens) salariés

La métallerie Beaumesnil, au Mesnil-en-Ouche, dans l'Eure, était menacée de fermeture. Au lieu de cela, cinq de ses employés qui ont décidé d'en devenir les dirigeants, pour sauver leur activité et leur emploi.

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"Nous travaillons tous ici depuis plus de 20 ans", explique Sandrine Alkalla, l'une des cinq anciens salariés, désormais nouveaux dirigeants de Beaumesnil Métallerie. "Quand la société, qui avait racheté l'entreprise à notre ancien patron, nous a expliqué qu'elle voulait cesser l'activité, ça ne nous a pas paru concevable. D'autant que du travail, il y en a !" poursuit-elle.

De fait, ce n'est pas un marché insuffisant qui avait causé les difficultés de l'entreprise : fondée au début des années 90, elle avait été cédée vingt ans plus tard à un groupe qui, pensait-on, aurait davantage les moyens de la faire croître. Hélas : "on a voulu nous faire appliquer des méthodes issues du travail industriel, alors que nous sommes des artisans", affirme Sandrine Alkalla. Et cela n'a évidemment pas fonctionné. Surviennent alors des vagues de licenciements, qui font passer l'effectif de trente à sept personnes.

Puis, en 2019, le couperet tombe : l'entreprise va cesser son activité ! "C'est alors que nous décidons d'utiliser notre prime de licenciement du mieux possible : en rachetant les outils de production, le stock, les bâtiments et le terrain", se rappelle-t-elle. Pour la forme juridique de la nouvelle société, les dirigeants ont choisi la SARL et non la coopérative car, comme le pointe la nouvelle gérante "cela aurait supposé de nous salarier, avec des charges que nous ne pouvions supporter." Et de rajouter : "attention, en tant que dirigeants, nous n'avons pas encore pu nous verser de salaire ! C'était la condition de la réussite et on le savait... "

Prospecter de nouveaux marchés

Les nouveaux dirigeants sont confiants et possèdent des atouts : "déjà, nous avons une belle carrière qui montre notre savoir-faire : des marchés prestigieux comme l'Assemblée nationale, le siège de Volkswagen à Roissy, celui d'une grande mutuelle à Rouen, beaucoup de logements résidentiels... "

Le coeur de métier de Beaumesnil Métallerie, c'est une menuiserie métallique sur-mesure : "pour un garde-corps, une main courante, une porte d'immeuble, nous travaillons sur les plans d'architecte puis nous faisons un repérage, les études, le plan avec prise de cotes, nous fabriquons et posons nous-mêmes... c'est du travail complet ! En faisant appel à nous, le client est certain que nous nous occupons de tout, sans oublier les garanties décennales", poursuit Sandrine Alkalla.

Certes, une partie des clients historiques n'a pas suivi, mais l'entreprise n'est pas restée sans rien faire et a prospecté de nouveaux clients : les particuliers. "Ça commence assez fort ! De toute façon, on savait que les deux premières années seraient difficiles, puisqu'il fallait passer d'un marché à un autre".

Les aides ? L'entreprise n'en a presque pas eues. "C'est très compliqué et cela suppose souvent de mettre en garantie nos biens propres. Mais on a une clientèle fidèle qui a la culture de notre métier... ça marchera", conclut Sandrine Alkalla.

Repères

Raison sociale : Beaumesnil Métallerie

Activité : Menuiserie métallique et serrurerie

Localisation : Mesnil-en-Ouche (Eure)

Reprise : 2019

Dirigeants : Sandrine Alkalla, 51 ans, Éric Gougeon, 51 ans, Éric Dionis, 52 ans, Benjamin Alberto, 34 ans et Manuel Martin, 43 ans

Effectif : 5 + intérimaires

CA 2019-2020 : 300 k€ sur 8 mois

 
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