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[Interview] Bertrand Badré : "Nous sommes au début du monde d'après"

Publié par Emilie Kovacs, journaliste le | Mis à jour le

L'ancien directeur général de la Banque Mondiale et fondateur du fonds à impact Blue like an Orange Sustainable Capital répond aux questions d'Emilie Kovacs, fondatrice d'EKOPO.

L'ancien directeur général de la Banque Mondiale et fondateur du fonds à impact Blue like an Orange Sustainable Capital répond aux questions d'Emilie Kovacs, fondatrice d'EKOPO, à l'occasion de son intervention à l'évènement Beyond Day sur l'investissement à impact organisé le 15 septembre dernier à Paris par DNCA, filiale de Natixis (groupe BPCE).


Emilie Kovacs : Quelle est votre analyse de la situation macro-économique actuelle ?

Bertrand Badré : Nous sommes au début du monde d'après. Nous sommes passés du domaine de l'intention au domaine de l'action avec l'envie d'aller plus loin et de faire bouger les lignes. Et cela concerne tout le monde : les écoles, les investisseurs, les consommateurs, la réglementation. A cause de la crise pandémique, nous connaissons un fort rebond économique mais un appauvrissement des matières premières. Nous ne savons pas comment nous allons sortir de cette crise. Nous sommes par ailleurs très auto-centrés -contrairement à la leçon que nous a rappelé la Covid-19 que nous étions tous liés et qu'il fallait s'entraider. En effet, l'Europe connaît un taux de vaccination de 70% alors que celui de l'Afrique est de 2%.


Emilie Kovacs : Assistons-nous à un réveil des consciences ou pas ?

Bertrand Badré : Dur à dire car il nécessite une transformation de modèle économique et de changer l'ensemble des outils de mesure de la valeur. Mais les pressions sociales (exemple le collectif Pour un Réveil Ecologique) et juridiques font changer les façons de faire, à l'image des engagements de Paul Polman, ancien CEO de Procter&Gamble, de Nestlé et d'Unilver. Comme disait Churchill : "Il ne faut jamais gâcher une bonne crise".


Emilie Kovacs : Comment tentez-vous d'agir à votre échelle ?

Bertrand Badré : J'ai fondé en 2017 le fonds Blue like an Orange Sustainable Capital pour développer l'impact à l'étranger. Nous avons commencé à flécher des investissements vers l'Amérique du Sud. Nous sommes en plein développement...


Emilie Kovacs : Vous êtes l'auteur du livre : "Voulons-nous (sérieusement) changer le monde?" paru en 2020 aux éditions Mame. Quelles sont les solutions pour réussir la transition économique ?

Bertrand Badré : La question est de savoir qui va payer pour financer cette transition ? C'est la tragédie du bien commun, qui est mêlée à la tragédie des horizons qui nous empêche d'agir en pensant au long-terme, à dans dix ans. Nous sommes passés d'un cycle néolibéral conservateur avec maximisation du profit à un marché flottant qui décide en temps réel, au mark-to-market. Nous devons repenser notre comptabilité, le calcul de notre PIB pour qu'il inclut les émissions carbone et l'atteinte à la biodiversité. A ce sujet justement, nous sommes en pleine compétition géopolitique. La Chine et les Etats-Unis ont pris de l'avance et l'Europe est en retard. Comme disait Theodore Roosevelt, il faut agir pour éviter la révolution.











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