ESG : au dirigeant de s'engager !

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ESG : au dirigeant de s'engager !

Alors que la RSE devient un sujet de plus en plus profond de transformation des entreprises, l'engagement du dirigeant est devenu indispensable pour accélérer la transition des organisations vers un impact positif sur l'économie, l'environnement et la société.

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Fort d'une vision à 360°, le dirigeant dispose de la hauteur de vue nécessaire pour dépasser l'immédiateté des managers de proximité et permettre à l'organisation de se positionner face aux défis que nous devons relever collectivement.

Dans ce cadre, c'est à lui d'apporter sa vision et sa conviction personnelle afin de motiver les équipes pour qu'elles sortent des schémas connus et s'engagent, elles aussi, à ajuster leurs priorités, repenser leurs produits, améliorer leurs processus, voire repenser le business model et, globalement, trouver du sens à leur activité. Cela devient une donnée particulièrement stratégique pour amener de la résilience face aux incertitudes grandissantes, à la caisse de résonance des réseaux sociaux et dans un contexte de guerre des talents où les leviers d'attractivité et de fidélisation des collaborateurs sont des facteurs incontournables de compétitivité.

Le dirigeant comme porte-drapeau de l'engagement RSE

Aujourd'hui, un dirigeant engagé place au sein de son action une volonté de répondre aux grands défis économiques, environnementaux et sociétaux. Les avancées réalisées en la matière doivent s'accompagner d'une refonte de l'offre produits, du modèle économique, de la culture d'entreprise et de la communication, de l'organisation, des achats, des opérations, ... aux niveaux financier, institutionnel, et RH. En parallèle de ces mutations d'envergure, le dirigeant doit se positionner comme l'ambassadeur de l'entreprise, tant auprès de l'interne que de l'externe, à travers un discours fort et des actions à la fois concrètes, efficaces et symboliques.

Pour autant, s'il faut faire bouger les lignes, le changement ne doit pas être mené tambour battant. La question du tempo est en effet cruciale. En véritable chef d'orchestre, le dirigeant doit trouver le bon rythme pour engager des changements de cap sans bousculer excessivement les collaborateurs et les différentes parties prenantes (investisseurs, actionnaires, clients...), sous peine d'une possible perte de confiance.

Surtout, le dirigeant doit composer avec les spécificités du secteur dans lequel il évolue, ainsi qu'avec la culture de l'entreprise. Complexe, l'exercice repose sur un savant dosage d'innovation et de concertation.

Parce que les transformations ESG envisagées nécessitent souvent des investissements importants, il est impératif qu'une réflexion soit menée en interne pour les chiffrer. Cela passera d'abord par une estimation des dépenses auxquelles il ne sera pas possible de consentir dans une optique de pérennité qui reste prioritaire. Ensuite, les marges de manoeuvre à prélever sur la performance de court et moyen terme devront être évaluées.

Enfin, le retour sur investissement des nouvelles initiatives devra intégrer un horizon de temps suffisant pour que les choix effectués portent leurs fruits. L'ESG apporte une formidable opportunité de transformer les entreprises vers des modèles plus durables, efficaces et rentables. En effet, correctement traités, ces sujets apportent des bénéfices tangibles tant au plan financier (réduction des factures énergétiques par ex.), que de résilience (résistance à des crises sur des matières premières par ex.), que d'attractivité des talents.

Nombreuses sont les entreprises qui ont su intégrer l'ESG au coeur de leur modèle. C'est notamment le cas du groupe Bel, acteur de premier plan du fromage et du snacking sain, qui place la question de l'ESG au centre de sa stratégie depuis plus de vingt ans. Une démarche vertueuse qui connaît une accélération depuis l'arrivée de Cécile Béliot à la tête de l'entreprise en juin 2022. Le groupe s'est ainsi entre autres engagé à réduire ses émissions carbone en ligne avec les accords de Paris à horizon 2035, selon une trajectoire stricte validée par le SBTI (Science-based Target Initiative), sans pour autant affecter sa performance opérationnelle et financière.

Indexer la rémunération du dirigeant sur la performance ESG : des paroles aux actes

Comment s'assurer, cependant, que l'engagement pris par l'organisation sera suivi d'effets ? Pour qu'il ne demeure pas un voeu pieux, certaines entreprises ont déjà fait le choix d'indexer une partie de la rémunération de leur dirigeant sur le respect des objectifs ESG définis.

Acte particulièrement fort, cette mesure ne peut qu'inciter les sociétés à gagner en performance sur le plan extra-financier. Cette indexation a également le mérite de renforcer le crédit du discours du dirigeant. Elle ne peut, en tout cas, que rassurer tous les observateurs sur l'exécution des engagements et sur la propension de l'organisation à prendre avec succès les virages qui s'imposent.

Pour l'heure, peu d'entreprises ont opté pour cette indexation mais leur nombre augmente chaque jour. Elle sera vraisemblablement positionnée à l'agenda des AG 2023, comme l'encouragent le Medef et les pouvoirs publics. Le législateur sera du reste probablement conduit à encourager cette approche (comme il l'a fait pour la raison d'être), mais aussi à l'encadrer et assurer sa pleine transparence.

Quoi qu'il en soit, les mouvements à l'oeuvre dans les entreprises montrent que l'on peut faire confiance aux dirigeants pour prendre les devants et s'imposer comme des acteurs incontournables du changement. Plus que jamais, les leaders économiques ont aujourd'hui l'occasion de montrer qu'ils sont avant tout des citoyens désireux d'apporter leur pierre à l'édifice, de bâtir le monde de demain en répondant aux enjeux sociétaux et environnementaux d'aujourd'hui.

Pour aller plus loin :

Rémy Boulesteix, associé responsable Deal advisory chez KPMG France


 
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