Voyages durables : "Il n'est pas nécessaire de traverser le globe pour signer un contrat"

Publié par Lisa Henry le | Mis à jour le
Voyages durables : 'Il n'est pas nécessaire de traverser le globe pour signer un contrat'
© peshkov - Fotolia

Alors que certains spécialistes s'interrogent sur la nécessité de stopper les voyages, afin d'en limiter le bilan carbone, Julien Buot, lui, envisage des solutions et "dessiner le chemin" d'un futur où les voyages seraient plus responsables.

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"Le tourisme comme le voyage professionnel doivent reprendre, mais de façon durablement car nous ne pouvons pas continuer de voyager comme nous le faisons actuellement", a expliqué Julien Buot, membre du label ATR, qui veut promouvoir le voyage durable. "L'industrie du tourisme se doit de dessiner le chemin pour aller mieux", a-t-il ajouté à l'occasion des journées des respirations durables organisées mi-juillet par l'association éponyme. Lui, propose une solution à travers la compensation. L'objectif est de compenser ses émissions carbones en les réduisant ailleurs, "par exemple en plantant des arbres, en finançant des projets de foyers écologiques moins énergivores pour des populations qui n'y ont pas accès, ou encore développer des programmes d'énergie solaire." Ce secteur est responsable de 10% des émissions de CO2 annuelles mondiales, face à ce constat la compensation vise à responsabiliser le voyage sans le stopper.

Cependant, Julien Buot insiste bien : "La compensation n'est pas un passe-droit pour polluer." Selon lui compenser n'a pas de sens sans politique de réduction. Il utilise l'exemple d'un tour operator français qui compense 100% de ses émissions carbones, ainsi que celles de ses clients. "C'est un chiffre impressionnant, mais quand l'entreprise est interrogée sur ses plans de réduction, il n'y a rien, ou presque rien."

Dans les 10% d'émissions carbones dues aux voyages, 5% proviennent de l'aviation selon Julien Buot qui a "combiné plusieurs études pour avoir un chiffre le plus exact possible. Contrairement à d'autres, j'ai refusé de voir ce chiffre à la baisse, ce n'est pas en se voilant la face qu'on avancera, surtout quand on lit le dernier rapport du GIEC." Si les chiffres d'émission carbone de l'aviation ne se correspondent pas toujours, c'est à cause du débat autour du "forçage radiatif". Ces traînées de condensation ont, selon Julien Buot, multiplieraient par 2,5 l'impact écologique d'un vol. Cette vision n'est cependant pas partagée par tout le monde. La seule solution proposée à l'heure actuelle pour réduire ces nuages de condensation est de voler à une altitude différente, où le niveau d'humidité n'a pas le même impact. Mais l'altitude d'un vol est calculée pour réduire la consommation de kérosène, cela ne résoudrait pas le problème des émissions de CO2.

Quelles solutions de diminution ?

Si ce problème ne semble pas pouvoir être résolu à l'heure actuelle, Julien Buot entrevoit des solutions de diminution : "Nous devons réduire la fréquence des vols. Pour les professionnels, il n'est pas nécessaire de traverser le globe pour signer un contrat. Même s'ils sont plus onéreux, il faut favoriser les vols directs et allonger le temps de déplacement. Le temps passé en voyage est en moyenne de quatre jours, c'est trop peu en comparaison avec l'impact carbone causé."

Julien Buot s'attarde sur l'expansion des jets privés qu'il qualifie de "déplorable." "Je comprends les avantages qu'ils offrent, mais ce sont des choses dont nous pouvons nous passer." Bien que certaines compagnies de jet privés compensent leur bilan carbone, pour le spécialiste ce n'est pas suffisant : "De plus, les pilotes air France, à savoir la compagnie qui propose le plus de vols directs, sont formés à l'éco-conduite. Les vols direct commerciaux en cas d'utilité absolue restent la meilleure solution, à privilégier à tout prix."

L'idéal, selon le spécialiste, serait de rechercher des tours operators, à travers les différents labels de voyages "verts", et de se reposer sur eux et leur expertise en termes de compensation et de voyages responsables. "Réduire la quantité pour augmenter la durée, cela permet en plus d'injecter plus d'argent dans l'économie locale de l'endroit visité, et économiser sur les frais de déplacement."

 
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