[EKOPO AWARDS] Mathilde Ardoin (Largo) : "Les salariés ont envie de s'engager"

Publié par Philippe Lesaffre le | Mis à jour le
[EKOPO AWARDS] Mathilde Ardoin (Largo) : 'Les salariés ont envie de s'engager'

Mathilde Ardoin est depuis 2021 responsable RSE et QSE (qualité, sécurité et environnement) chez Largo, l'acteur spécialisé dans les mobiles reconditionnés, situé à Nantes. Elle a pris conscience depuis plusieurs années du rôle que peuvent jouer les entreprises dans la transition écologique. Un voyage en Asie l'a sensibilisée aux limites planétaires. Mais comment impliquer le plus grand nombre ? Dans son travail, l'une de ses missions est justement de récolter les idées de ses collègues pour que sa société réduise ses impacts.

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Dans vos missions, le volet sensibilisation des collaborateurs prend-il beaucoup de place ?

Mathilde Ardoin : Je mets en oeuvre les actions environnementales et sociales de Largo, mais il est vrai que l'entreprise vise à impliquer le plus de collaborateurs dans la démarche de RSE. C'est une volonté des dirigeants d'embarquer le plus de salariés possible. Ainsi, nous avons réfléchi à des actions de sensibilisation. Pour l'heure, 36 % des salariés ont suivi une formation à ce sujet. Nous aimerions que l'ensemble des équipes soient formées d'ici la fin du premier semestre 2023. L'idée, c'est d'expliquer ce qu'est la RSE, et quelles en sont les applications chez Largo et les bénéfices associés.

Le biais commun est de trop souvent se focaliser sur l'aspect environnemental de la RSE, laissant de côté la question sociale et sociétale. C'est que les initiatives en faveur de la planète ont tendance à être plus facilement identifiables que celles qui touchent au social, à la qualité de vie au travail ou à la politique d'insertion des personnes en situation de handicap. Ce type de mesures prennent en effet plus de temps et sont moins visibles.

Nous avons de la chance chez Largo car les trois volets sont aussi importants les uns que les autres. Il est assez facile de parler de ces sujets de RSE, car l'action de l'entreprise s'inscrit dans le développement de l'économie circulaire, et les personnes sont plutôt bien sensibilisées.

"Certains salariés sont plus engagés que d'autres"

Dernièrement, quelles initiatives avez-vous mis en place ?

Nous avons par exemple participé à une course solidaire de 10 km, une équipe de collaborateurs était présente aux Foulées du numérique pour courir aux côtés de la "tech" nantaise et récolter des fonds contre le cancer.

Nous avons également participé au World Cleanup Day. Une collecte de déchets a été organisée autour du site de production, près de Nantes, et l'idée a été de ramasser les déchets sauvages trouvés en vue de sensibiliser les collaborateurs de Largo. Nous aimerions l'année prochaine embarquer également avec nous les entreprises voisines. C'est une salariée de Largo qui a eu l'idée d'organiser cette opération de nettoyage.

C'est quelque chose qui est beaucoup pratiqué ?

Nous récoltons les idées des uns et des autres lors d'ateliers de travail sur la RSE. Un tiers des salariés y participent, ils ont envie de s'engager. Certains sont plus mobilisés que d'autres et souhaitent que Largo aille toujours plus loin dans son engagement. En tout cas, et c'est l'une de mes missions de faire remonter les envies et les idées des collègues à la direction.

Nous visons par ailleurs à améliorer la qualité de vie au travail des salariés. Un des objectifs du premier semestre 2022 a été de mettre en place un baromètre social à destination des collaborateurs de Largo, il sera renouvelé tous les ans. Objectif : identifier les bonnes pratiques, cerner au mieux les besoins des uns et des autres, en somme, suivre le climat social.

Partenariat avec Sea Shepherd et Toit à moi

On parle souvent de rôle des entreprises dans la société. Comment Largo veut s'investir ?

Avec le cofondateur de Largo, nous intervenons dans différentes écoles primaires pour sensibiliser les plus jeunes sur les sujets environnementaux et l'importance du reconditionné.

Largo a rejoint également l'association RUPTUR, c'est un réseau d'organisations impliquées dans la concrétisation d'une "économie créative, environnementale et inclusive". Nous y avons intégré un groupe de travail sur le numérique responsable.

Largo s'implique auprès d'associations environnementales et sociales. Nous avons récemment signé des conventions de partenariats avec les associations Sea Shepherd (association de sauvegarde des océans) et Toit à Moi (association française et locale qui accompagne les personnes en grande précarité pour les aider à retrouver une dignité humaine et une qualité de vie décente).

Concrètement, qu'est-ce que cela implique ?

Dans les prochains mois, une soixantaine d'appareils reconditionnés vont être donnés à ces deux associations partenaires. À chaque commande réalisée sur notre site internet, nous versons 2 € à Sea Shepherd. D'ici la fin de l'année 2022, nous allons accueillir sur notre site ces deux structures pour organiser des actions de sensibilisation auprès de nos salariés.

Bilan carbone

Justement, quels sont vos principaux engagements pour les prochains mois ?

Largo veut réduire ses déchets. L'ambition : réduire de 80 % les déchets électriques et électroniques. Pour atteindre cet objectif, nous avons trouvé un partenaire qui va reconditionner les écrans cassés que nous remplaçons.

Nous avons également réalisé le bilan carbone de Largo en vue de trouver des pistes d'amélioration pour réduire notre impact sur les postes les plus émetteurs en gaz à effet de serre. Nous l'avons calculé avec l'aide de l'entreprise nantaise Toovalu.

Ah, et quels sont les résultats ?

Tout peut se jouer au niveau du fret, des achats et du déplacement domicile-travail des salariés. Concernant la mobilité des salariés, la zone où se situe Largo est peu desservie par les transports en commun. Il faudrait développer le covoiturage, il y en a déjà entre salariés. Largo a tout intérêt à ce qu'il y en ait davantage d'ici le premier semestre 2023.

Vous achetez des pièces détachées neuves ?

Oui, mais le moins possible. Nous récupérons le plus de pièces possibles sur les téléphones et essayons d'acheter des pièces détachées reconditionnées. En revanche, nous sommes contraints d'acheter des batteries neuves, qui font partie des pièces les plus remplacées. Quand un mobile abîmé nous parvient, Largo utilise une machine, une polisseuse, pour effacer les rayures sur les écrans. But de l'opération : nous éviter de remplacer l'écran dans la mesure du possible. Nous utilisons en outre un logiciel qui nous indique précisément quelles sont les pièces défectueuses à changer et ainsi nous permettre de minimiser notre consommation de pièces détachées.

Sensibiliser sur les idées reçues du reconditionné

Avez-vous des objectifs en matière de nombre d'équipements à reconditionner ?

Nous avons reconditionné en 2021 83 000 téléphones portables, c'est l'appareil que nous réparons le plus, et c'est l'activité première de Largo. Nous souhaitons en remettre en service davantage.

Largo vient de terminer ses travaux d'agrandissement d'usine afin d'avoir une capacité de production de 25 000 produits par mois à la fin de l'année. Les appareils sont vendus tant sur des marketplaces, notre site web de vente qu'en retail et auprès des entreprises. Ces dernières sont en demande d'appareils reconditionnés dans le cadre de leur démarche RSE.

Et allez-vous permettre aux particuliers de revendre leurs vieux portables ?

D'ici la fin de l'année, les particuliers vont en effet pouvoir vendre leurs mobiles non utilisés grâce à un projet que nous développons en interne : Largo Collect. Cela permettrait de remettre en service des appareils encore en état et de récupérer des pièces détachées ainsi que des matières premières pour les téléphones non fonctionnels. Aujourd'hui, 100 millions de téléphones dorment dans les territoires des Français dont deux-tiers sont encore fonctionnels.

Même s'il y a un engouement sur les appareils de seconde main, il faut encore sensibiliser et notamment contourner les barrières et les idées reçues sur le reconditionné. On le voit, l'un des freins majeurs, ce sont les données personnelles, c'est pour cette raison que les Français optent davantage pour des produits reconditionnés versus d'occasion. Largo s'engage à effacer intégralement les données personnelles des produits que la société reconditionne.

 
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