Simon Létourneau (Carbo) : « Le bilan carbone est en train de se démocratiser »
Carbo propose aux particuliers comme aux petites et moyennes entreprises de mesurer leur empreinte carbone. Elles sont nombreuses à sauter le pas. Qu'est-ce qui les motive ? Et qu'est-ce que cela implique pour elles ? Éléments de réponses avec Simon Létourneau, cofondateur et CEO de Carbo.
Je m'abonneComment en êtes-vous arrivé à lancer Carbo ?
Simon Létourneau : J'ai fait « un coming out écologique » il y a 5 ans. Ayant suivi une formation d'ingénieur en environnement, je pense que c'était déjà dans mes gènes. En tout cas, cela a changé mes pratiques de consommation au quotidien, ainsi que ma vie professionnelle quand j'ai cofondé Carbo il y a deux et demi. Le but du jeu était de créer une start-up engagée à impact.
Réaliser son bilan carbone pour sensibiliser
Carbo cible donc particuliers et entreprises...
La solution pour les particuliers, gratuite, permet en quelques clics de connaître son empreinte carbone, basé sur les dépenses bancaires. Une initiative qui permet de sensibiliser un maximum de personnes. Par exemple, des festivaliers. Carbo a été partenaire, notamment, du festival parisien We Love Green. Mais aussi de VivaTech, événement parisien (à la mi-juin) pour lequel on va mesurer le bilan carbone.
Le bilan carbone est en train de se démocratiser. Souvent, les particuliers souhaitent connaître le leur pour savoir dans quel domaine ils peuvent agir au quotidien afin de réduire leur impact.
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Carbo accompagne également les petites et moyennes entreprises, ainsi que les TPE, et ce, dans tous les secteurs. Ce qui leur plaît dans la mesure du bilan carbone, c'est l'aspect de comparaison avec d'autres structures de la même taille et du même secteur d'activité. On mesure son bilan carbone et on observe où en sont les entreprises concurrentes. Cela pousse à s'y mettre, à agir pour réduire son impact.
De plus en plus de structures s'y mettent ?
Les grandes entreprises le font via des cabinets de conseil. C'est d'ailleurs obligatoire pour les structures de plus de 500 personnes. En ce qui concerne les plus petites structures, réaliser le bilan carbone est une démarche libre, volontaire. Or, la demande est très forte. De notre côté, on épaule près de 300 clients.
Des entreprises visent à réduire leur empreinte carbone pour garder les talents
Pour quelles raisons veulent-elles connaître leur bilan GES ?
Le premier « driver » est business. Pour répondre à des appels d'offres, de grands groupes ou publiques, il faut qu'elles y passent. En second lieu, une partie des banques demandent de plus en plus de critères RSE-ESG (la réalisation de l'empreinte carbone en fait partie).
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Ensuite, certaines veulent mesurer le bilan carbone dans un objectif de labellisation (pour être B Corp, par exemple). Un autre « driver », c'est la marque employeur, c'est presque philosophique. Au sein d'une entreprise, de nombreuses personnes sont déjà sensibilisées et veulent s'engager dans leur vie professionnelle.
Afin de garder les talents et pour montrer aux salariés qu'une entreprise se mobilise, celle-ci calcule ainsi son empreinte carbone. On le voit de plus en plus : les collaborateurs demandent des preuves à leur entreprise. Enfin, dernier point, cela peut être lié à une anticipation réglementaire.
Quand une entreprise veut se lancer, que se passe-t-il ?
L'entreprise a à disposition notre outil en ligne. Elle répond à un questionnaire, avec des interrogations qui varient en fonction du secteur d'activité. Il n'y a pas qu'une personne qui répond aux questions. C'est un travail collectif, les différents services ou métiers sont mis à contribution. Cela permet de sensibiliser.
Collecter les données prend une trentaine de jours. Carbo détermine ensuite le bilan carbone, selon une méthode certifiée par l'Ademe. Enfin, on donne les bons outils de communication en interne et en externe. Puis arrive la seconde partie, très importante, la réduction de l'empreinte carbone.
On propose un plan d'actions, une trajectoire visant à réduire son empreinte carbone, en fonction de son activité, de son périmètre. Car on a identifié des initiatives qui peuvent, pour certaines, être mises en place assez rapidement, assez facilement, et puis d'autres sur le long terme. Cela peut être des changements plus structurants. Exemple : mettre en place une politique de transport responsable, changer un entrepôt.