Quels indicateurs pour valoriser l'économie circulaire ?

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
Quels indicateurs pour valoriser l'économie circulaire ?

Partenaire du WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) en France, l'association Entreprises pour l'environnement (EpE) a traduit en français son guide d'auto-évaluation et de pilotage de l'économie circulaire pour les entreprises. Un moyen de définir des indicateurs pour valoriser les actions mises en place dans ce domaine.

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L'économie circulaire devient incontournable pour les entreprises. Non seulement parce que la réglementation les y oblige mais aussi parce que, comme l'a souligné Claire Tutenuit, présidente de l'association Entreprises pour l'Environnement (EpE), à l'occasion d'un webinaire présentant la version française du guide d'auto-évaluation et de pilotage de l'économie circulaire pour les entreprises du WBCSD (World Business Council for Sustainable Development), « l'économie circulaire est un des ingrédients indispensables de la transition écologique et peut-être encore plus si on prend en compte non seulement les émissions de gaz a effet de serre mais également les limites de la planète et les questions de ressources naturelles et de préservation de la biodiversité ».

Dans ce contexte, non seulement il s'agit de mettre en place des actions véritablement efficaces mais aussi de répondre aux différentes injonctions des parties prenantes de l'entreprise (clients, investisseurs, ONG, etc). Pour cela, il est essentiel de définir des indicateurs pertinents afin de mesurer pour mieux piloter mais aussi dans l'objectif de pouvoir partager des informations compréhensibles par tout le monde. C'est pourquoi l'EpE pensait qu'il était essentiel de traduire sans attendre le guide du WBCSD même s'il ne s'agit pas d'une version définitive car c'est un travail évolutif.

Huit indicateurs

Les indicateurs du WBCSD (baptisés indicateurs de transition circulaire - CTI) ont été élaborés par 30 entreprises membres du WBCSD en collaboration avec le cabinet KPMG. Il sont au nombre de huit, répartis sur 3 modules : fermer la boucle (pourcentage de circularité, pourcentage de de circularité de l'eau et pourcentage d'énergie renouvelable), optimiser la boucle (pourcentage de matériaux critiques, répartition des modes de récupération, circulation de l'eau en interne) et valoriser la boucle (productivité des matériaux circulaires, revenu CTI).

« Il n'est pas nécessaire de tous les utiliser : on peut les choisir en fonction de ce que l'on veut optimiser », précise Audrey Kraskowski, auditrice et consultante senior en développement durable chez KPMG. Seul un indicateur est jugé essentiel par le WBCSD : le pourcentage de circularité, qui consiste à calculer la moyenne pondérée du pourcentage de flux entrants et du pourcentage de flux sortants circulaires. Un peu comme l'analyse du cycle de vie. « Ces deux sous-indicateurs sont calculés à partir de la masse des flux entrants et sortants ainsi que des pourcentages de contenus renouvelables », ajoute Audrey Kraskowski.

Méthodologie efficace

« Beaucoup d'entreprises identifient l'économie circulaire comme un enjeu prioritaire mais il ne leur est pas toujours facile de trouver des indicateurs pour refléter sa performance sur ce sujet. L'objectif est de leur offrir des indicateurs clé en main pour s'auto-évaluer sur le sujet, un cadre de référence qui est le même pour toutes les entreprises afin de faciliter la comparaison mais aussi une méthodologie », décrit Audrey Kraskowski.

En effet, au-delà de simples indicateurs, c'est une méthodologie qui est proposée par le WBCSD, en 7 étapes : cadrer en définissant l'objet étudié mais aussi la période d'évaluation et les objectifs, sélectionner les bons indicateurs, collecter les données primaires, calculer, analyser les résultats en identifiant les actions qui auront le plus d'impact pour améliorer la circularité de l'entreprise, prioriser les actions en identifiant les risques linéaires de l'entreprise (par exemple, les ruptures de chaîne d'approvisionnement sur les matériaux critiques) mais aussi les opportunités commerciales liées à l'économie circulaire (et le chiffre d'affaire que cela peut générer) et enfin appliquer via une feuille de route détaillant les objectifs à court et moyen terme.

« Cette cartographie est bon outil pour savoir quelles actions mettre en place, lesquelles auront le plus d'impact pour améliorer la circularité de l'entreprise et prendre la meilleure décision », juge Audrey Kraskowski. Selon elle, l'étape la plus délicate est la collecte des données, qui peuvent être éparpillées dans l'ensemble de l'entreprise, voire en-dehors, et ne pas être toujours facilement accessibles. A noter que le calcul peut se faire facilement via un outil en ligne que le WBCSD a développé avec Circular IQ : le CTI Tool.

Vision holistique

Au-delà du pilotage interne, les indicateurs et objectifs définis grâce aux CTI du WBCSD peuvent être partagés auprès des parties prenantes afin de leur faire comprendre quelles trajectoires empruntent l'entreprise en matière d'économie circulaire. « Les investisseurs sont de plus en plus demandeurs de métriques précis », estime Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l'INEC (Institut national de l'économie circulaire).

Surtout, cette méthodologie a le mérite d'être holistique : ce n'est plus uniquement l'environnement qui est la porte d'entrée des réflexions mais aussi des sujets comme la sécurisation des approvisionnements (liée à la rareté des ressources) ou encore le made in France (le réemploi et le recyclage se passant en France et non plus dans des pays lointains) et même l'innovation.

A noter que l'EpE propose d'autres outils que le guide du WBCSD : l'association a publié en 2018 une première publication sur les indicateurs de l'économie circulaire en partenariat avec l'INEC et a fait paraître l'année dernière un guide des partenariats pour l'économie circulaire.



 
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