Changement climatique : mettre au point une agriculture durable pour réduire les risques

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Changement climatique : mettre au point une agriculture durable pour réduire les risques
© amnach - stock.adobe.com

Les vignobles français ont subi les affres de la météo. En Asie, la sécheresse complique la culture du riz. L'Australie a dû lutter contre des invasions de souris, en plus des incendies... Les catastrophes naturelles se multiplient dans le monde, qui impactent toutes les chaînes d'approvisionnement.

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Les chaînes logistiques complexes dans le monde entier rendent les pays dépendants les uns des autres sur les produits essentiels comme les aliments et les boissons. Lorsqu'elles sont interrompues, les effets sont ressentis à l'échelle mondiale. Nous avons déjà vécu le chaos créé par les chaînes logistiques perturbées par la pandémie de Covid-19. Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a, par exemple, enjoint les supermarchés du pays à stocker des produits français.

Des interruptions de la chaîne logistique, dues à des causes autres que la Covid-19, se sont déjà produites, provoquant des dommages économiques. L'agriculture a tendance à subir les plus importants coups et pertes financiers en cas de catastrophes telles les conditions météorologiques extrêmes qui deviennent plus fréquentes, intenses et complexes. Entre 2008 et 2018, les calamités agricoles ont coûté aux pays en voie de développement plus de 908 milliards d'euros avec un impact profond sur les moyens d'existence des petits exploitants qui luttent déjà contre les grandes compagnies.

Etudions ici la catastrophe subie par le vin français ainsi que d'autres événements survenus dans le monde et qui ont eu un impact sur le secteur alimentaire.

La catastrophe subie par le vin

Un gel inhabituel pour la saison a atteint la France cette année avec un mois d'avril globalement chaud, soudainement frappé par des températures glaciales et un gel mordant. En raison du printemps précoce, les vignes et les arbres fruitiers ont fleuri plus tôt que d'habitude et ils ont été détruits par les basses températures inattendues. Les recherches ont montré qu'au fur et à mesure que les températures mondiales s'élèvent, le calendrier des saisons évolue et devient plus rigoureux.

Les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Provence et de la vallée du Rhône ont été touchés et ont eu recours à l'allumage de milliers de feux et de bougies près des vignes et des arbres pour essayer de les garder au chaud pendant la nuit. Malheureusement, de nombreux viticulteurs ont déclaré des pertes à 100 pour cent de leur production. "C'est probablement la plus grande calamité agricole du début du XXIe siècle", avait commenté le ministre de l'agriculture, Julien Denormandie. Entre-temps, le Premier ministre, Jean Castex, a promis 1 milliard d'euros d'aide aux viticulteurs et aux agriculteurs. Certains vignobles pourraient mettre plusieurs années à se redresser.

L'industrie vinicole française a déjà subi les effets de la Covid-19, la baisse de la demande venant des restaurants, ainsi que la précédente bataille sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur des marchandises françaises clés, notamment le vin et le fromage, qui ont entraîné une chute de près de 14% des exportations françaises de vins et spiritueux l'année dernière. Par ailleurs, en raison des effets du changement climatique, les arômes des vins vont probablement changé, et certains pourraient disparaître à jamais. C'est la cas du Merlot car ce cépage résiste mal aux changements climatiques.

Cultures gourmandes en eau, épuisant la nappe phréatique

Le riz est l'aliment de base de plus de trois milliards de personnes chaque jour et contribue à éviter l'aggravation de la crise alimentaire mondiale. Malheureusement, le risque d'insécurité alimentaire d'une telle denrée de base est en hausse.

L'Inde vit à la fois une crise de l'eau et une crise agricole depuis des décennies. Le riz est l'une des cultures les plus gourmandes en eau - les agriculteurs utilisent en moyenne 15 000 litres d'eau pour faire pousser un kilogramme de paddy (plant de riz). Le riz assèche la nappe phréatique du nord de l'Inde (Pendjab), qui devrait être épuisée d'ici 2039 et le sol ressembler à un désert. Un cinquième de la population mondiale vit en Inde qui dispose seulement de 4% de l'eau dans le monde, tout en étant le plus grand consommateur puisque 90% de l'eau est absorbée par l'agriculture.

L'Inde n'est pas le seul pays rencontrant des difficultés pour faire pousser le riz en raison du manque d'eau. Les pays d'Asie du Sud-Est, comme la Chine, font face aux mêmes difficultés. En raison du changement climatique, les conditions météorologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses se produisent plus régulièrement, rendant difficile l'approvisionnement en eau. Les scientifiques cherchent à mettre au point de nouvelles variétés de riz qui nécessitent moins d'eau, qui sont plus résistantes aux sécheresses et au changement climatique. En outre, les technologues en eau de New Delhi cherchent à concevoir des techniques de gestion d'eau permettant de ne pas utiliser plus de 600 litres d'eau pour un kilogramme de paddy.

Reproduction en hausse de rongeurs en Australie

L'Australie a fait les frais du changement climatique, allant des feux de brousse qui ont dévasté 27,2 millions d'acres aux denrées alimentaires et cultures endommagées en raison de la plus grande invasion de souris jamais connue. Les agriculteurs australiens sont habitués aux invasions de souris, qui surviennent tous les dix ans environ, mais avec le réchauffement de la planète, elles pourraient se produire plus souvent avec plus de souris que jamais. Les températures en hausse créent un milieu propice à la reproduction des rongeurs, qui s'attaquent alors aux cultures. Les agriculteurs sont même obligés de brûler leurs cultures infestées de souris et de leur urine.

Un avenir résistant aux catastrophes est possible si nous mettons au point une agriculture durable. La préparation de la gestion des risques peut contribuer à réduire la vulnérabilité de l'agriculture aux catastrophes naturelles et au changement climatique.

Par Stewart Beer, directeur principal chez Electrix International


Sources

http://www.fao.org/news/story/en/item/1381672/icode/

https://www.axios.com/french-wine-disaster-climate-change-1f86c34c-917c-4d86-b126-73f7618316a9.html

https://www.france24.com/en/20200328-france-issues-call-to-buy-french-as-coronavirus-erodes-single-market

https://www.theguardian.com/food/2021/apr/15/agricultural-disaster-two-billion-worth-of-french-wine-production-lost-after-cold-snaps

https://www.foodandwine.com/news/france-wine-vineyards-frost-damage-2021

https://www.downtoearth.org.in/news/water-use-is-excessive-in-rice-cultivation-30352

https://apnews.com/article/india-climate-change-business-science-environment-and-nature-52a57d80d1dcb85f508cfd5f80120870

https://www.bbc.com/future/bespoke/follow-the-food/a-staple-food-to-withstand-disaster/

https://theprint.in/economy/rice-the-one-grain-thats-keeping-the-worlds-food-crisis-from-getting-worse/653855/

https://www.bbc.co.uk/news/world-australia-50951043

 
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