Energie : comment faire baisser sa factue d'électricité et de gaz ?

Publié par Fanny Perrin D' Arloz le | Mis à jour le
Energie : comment faire baisser sa factue d'électricité et de gaz ?

La hausse des prix de l'énergie contraint les entreprises à peaufiner leur stratégie achats, tout en s'évertuant à diminuer leurs consommations, voire à les verdir.

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Les cours de l'électricité et du gaz n'ont de cesse de flamber. Si le gaz affichait un niveau historiquement bas en mars 2020, s'établissant autour des 12 euros le mégawattheure, "il dépasse les 50 euros aujourd'hui. Quant à l'électricité, son tarif a plus que doublé sur l'année 2021 !" , énonce en préambule Jean-Sébastien Degouve, président et co-fondateur d'Opéra Energie, courtier en gaz et électricité. Les budgets énergie se voient ainsi grossir, inquiétant les grands groupes, particulièrement les électro-intensifs qui peuvent voir leur rentabilité sérieusement affectée.

Maîtrise des consommations et anticipation des achats

A priori, la tendance risque de rester en hausse "au moins jusqu'en 2023" d'après Nicolas Leclerc, co-fondateur d'Omnegy, courtier en énergie. Pour limiter les écarts et compresser les factures, l'important est de maitriser ses consommations et d'anticiper les achats pour lisser les effets de la volatilité des marchés. Cela va de pair avec le Décret Tertiaire qui, pour rappel, fixe un objectif (en valeur relative) de réduction de la consommation d'énergie des sites de 1000 m² ou plus de 40% d'ici 2030 par rapport à l'année de référence, de 50% d'ici 2040 et de 60% d'ici 2050. Ce sont souvent des mesures de bons sens qui peuvent concourir à diminuer la facture d'électricité et de gaz. La sensibilisation des équipes est importante mais pas suffisante. Cela sous-entend aussi ajuster et programmer les températures pour le chauffage (pas plus de 19°C en hiver, 26°C en été). Pensez également à optimiser l'adéquation entre la puissance réservée sur le réseau et les besoins réels de l'activité, souvent surévalués, dixit Nicolas Leclerc d'Omnegy. "Vérifiez aussi votre éligibilité aux taux réduits de la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d'Electricité/de Gaz naturel et/ou de la Contribution au service public de l'électricité/du gaz qui peuvent vous faire économiser jusqu'à 10% de votre budget énergétique, et prenez le temps de consulter vos factures afin de vous assurer qu'elles ne comportent aucune erreur ou aucune disposition contraire au contrat."

Capteurs IoT et plan d'éco-énergie

Ensuite, l'optimisation de sa consommation énergétique à des fins de diminution impose d'en connaître précisément le périmètre et la répartition. "Il existe désormais pléthore d'acteurs sur le marché pour aider à la définition d'une stratégie de performance énergétique visant à consommer mieux, moins et éventuellement plus vert" , assure Nicolas Leonetti, directeur Opérations et Stratégie de la performance chez KPMG France. Des capteurs IoT comme la Green Box de Green Systèmes peuvent être installés pour orchestrer la collecte et le suivi des profils énergétiques. Ceux-ci récupèrent en général les données des compteurs présents sur site. Pour aller plus loin, Green Systèmes propose d'agréger, de mesurer et de piloter à distance les données de son bâtiment via une solution logicielle. "Cela permet de gérer son parc immobilier depuis un unique tableau de bord, de suivre ses usages et d'être alerté en cas de dépassement ou de dysfonctionnement, comme une fuite par exemple" , détaille Pauline Gallois, responsable marketing chez Green Systems. Effectivement, ce diagnostic participe au montage d'un plan d'éco-énergie perfectionnant le bilan énergétique, depuis la modernisation de son outil de production au bâti. Il peut s'agir de changer l'isolation, d'installer du double-vitrage, de remplacer une chaudière en fin de vie, de calorifuger des conduites transportant des flux chauds, de récupérer de la chaleur à des fins d'échange thermique, de miser sur un éclairage LED, etc... "La mise en place de détecteurs de présence est une opération intrinsèquement rentable, générant des gains rapides" , met en avant Nicolas Leclerc d'Omnegy. Il est nécessaire de prioriser les actions à mener d'après les enjeux et les contraintes, en démarrant par des travaux avec un fort niveau de retombées. "Avec le Plan France Relance, c'est le bon moment de se lancer dans l'efficience énergétique" , rappelle Jean-Sébastien Degouve, président et co-fondateur d'Opéra Energie.

Contrat d'Energy as a Service

A ce titre, il est possible de signer un contrat du type Energy as a Service avec un énergéticien pour s'inscrire dans une démarche d'amélioration continue des coûts, sans en supporter unilatéralement les investissements. "Ce type de modèle se développe particulièrement dans des secteurs où la liquidité est précieuse. Il se conclut généralement sur une durée supérieure à 5 ans et jusqu'à 10 ans ; l'idéal étant que les économies dégagées financent les frais engagés en 5-6 ans, tout en contribuant au développement durable" , souligne Nicolas Leonetti. L'important est de définir des règles de répartition des gains qui satisfassent aux deux parties. Au-delà de cela, la stratégie achat d'énergie est à réadapter d'après la politique risque de l'entreprise et le contexte du marché actuel.

Acheter en avance?

"Lorsque l'on présuppose une hausse des prix, on a plutôt intérêt à anticiper" , commente Nicolas Leclerc. Jouer la sécurité peut ainsi conduire à acheter en avance en plusieurs fois pour, qu'en cas d'envolée de prix, seuls les volumes résiduels soient impactés. "Ce n'est certes pas la stratégie la plus performante sur le plan financier mais c'est la moins risquée" , admet Jean-Sébastien Degouve. D'autres acheteurs vont plus s'apparenter à des traders, préférant attendre "le bon moment" pour acheter l'énergie nécessaire. Pour limiter les risques, rien n'empêche de se fixer des seuils au-delà desquels déclencher un achat automatique. A défaut de suivi ou d'expertise en interne, "votre distributeur peut également vous envoyer des alertes selon l'évolution des marchés" , met en avant Nicolas Leonetti.

Conclure un Power Purchase Agreement (PPA)

Autre solution pour s'affranchir des tarifs réglementés et ainsi potentiellement réduire sa facture : conclure un Power Purchase Agreement (PPA), autrement dit un contrat de livraison d'électricité signé entre deux parties sur 15 à 25 ans. Elles s'entendent sur un prix fixe qui, au regard de la hausse des prix notamment en Europe, tend à devenir très compétitif. "C'est un moyen de panacher ses risques, tout en s'engageant dans le développement des énergies renouvelables", considère Jean-Sébastien Degouve. L'offre s'est très largement étoffée en la matière ces dernières années. Néanmoins, pour espérer décrocher un tel accord, la réputation et la fiabilité financière de l'entreprise sont des éléments déterminants. Plus largement, se montrer ouvert quant aux différentes sources d'énergies existantes peut être payant. "Essayez de saisir les opportunités disponibles dans vos régions, comme la biomasse ou la géothermie. Elles ont l'avantage d'offrir des conditions de prix plus intéressantes et sont bien valorisées en terme de reporting environnemental" , consent Nicolas Leonetti.

Panneaux photovoltaïques et énergie verte

Enfin, l'installation de panneaux photovoltaïques sur toiture ou en ombrière de parking reste un axe porteur ; d'autant que la vente du surplus peut être revendue au réseau à des tarifs réglementés de 98 euros le mégawattheure jusqu'à kWp. En bref, il existe plusieurs tactiques à envisager pour contrer l'évolution haussière des tarifs de l'électricité et du gaz naturel et rabaisser sa consommation. "C'est le bon moment de mettre en place un programme énergétique ambitieux, surtout depuis l'emballement des marchés" , ponctue Nicolas Leonetti de KPMG France. Tout dépend ensuite de la sensibilité et du niveau de dépendance de l'entreprise vis-à-vis de cette famille de dépenses, de sa faculté à répercuter ou non la différence tarifaire sur le client final, et de sa politique risque.

Hakim Dabouz, Category manager Energy au sein d'Alstom.

Hakim Dabouz

Pour compresser ses coûts en énergie, Alstom s'appuie sur plusieurs leviers. D'abord, une stratégie de couverture avec des contrats à terme ou Futures dans les pays dérégulés, requérant un suivi constant des marchés. En parallèle, le groupe prévoit de réduire son intensité énergétique de 10 % d'ici 2025. En 2018, la réalisation d'un audit énergétique aboutissait notamment au changement du système d'éclairage. «Nous menons une campagne de déploiement d'un système intelligent en LED, avec détecteur de présence et de lumière naturelle, sur nos sites européens ; ce qui pourrait réduire de 50 à 90% le coût de l'éclairage » , informe Hakim Dabouz,Category manager Energy au sein d'Alstom. Alstom a aussi équipé de destratificateurs d'air les bâtiments qui rencontraient de fortes perditions de chaleur, et installé des variateurs de vitesse aux procédés industriels. Et s'est lancé dans la production sur site d'électricité d'origine renouvelable avec l'installation de panneaux solaires. « Cette technologie est de plus en plus efficace et compétitive avec un coût de production du KWh souvent inférieur aux prix marchés, même dans les pays nordiques. Nous voulons couvrir ainsi 10% de nos besoins» , conclut Hakim Dabouz.

 
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