La bioéconomie : repenser l'économie ?

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La bioéconomie : repenser l'économie ?
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Dépendance aux énergies et matières premières épuisables, délocalisation rimant avec perte de savoir faire et perte de marché, tels sont les enjeux que peut relever l'émergence de la bioéconomie.

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Le contexte lié à la crise sanitaire a permis de mettre en avant deux choses : la dépendance des industriels et des entreprises à des matières premières limitées et la nécessité de trouver des alternatives biosourcées créées sur et pour le territoire français et européen. À l'occasion du Plant Based Summit à Reims, les acteurs de la chimie du végétal et des matières biosourcées se sont regroupés pour mettre en avant les défis à relever en termes d'industrie pour repenser les différentes chaînes de productions et notre rapport à la matière et son impact environnemental. La pénurie de matières premières a été un premier tremplin à l'essor des matériaux biosourcés même si la filière existe depuis une quinzaine d'années.

" Nous avons besoin de nouvelles matières responsables, c'est un enjeux tant économique qu'environnemental ", déclare François Monnet, président de l'Association Chimie du Végétal (ACV). Aujourd'hui, le mot chimie ou chimique est souvent associé à toxique, mais toute matière est chimique et relève de lois et de modifications chimiques. La création de matières, durables, responsables et donc biosourcées est un avenir à définir avec l'ensemble des acteurs du secteur. La bioéconomie est aussi un bassin d'emplois, au niveau européen cela représente près de 18 millions d'emplois pour environ 2,2 milliards d'euros, selon le président de l'association.

Accélérateur de recherche et développement

" L'investissement dans ce secteur du biosourcé est une des solutions pour faire face au dérèglement climatique. Ce nouveau paradigme économique permet aussi de repenser les business model des entreprises et des industries ", explique le président de l'ACV. Repenser l'économie et la production des matières et donc des produits finis peut être vecteur d'innovations et un catalyseur des programmes de recherche et développement des entreprises concernées.

Le marché de la bioéconomie est présent dans de nombreuses activités et les innovations qui peuvent émerger seraient utiles à différents pans de l'industrie. " Le réseau de la bioéconomie est basé sur un ensemble d'acteurs de différents secteurs qui ont le besoin de discuter et de trouver de solutions communes. Il y a une synergie à trouver et à prouver entre la bioéconomie et l'économie circulaire ", affirme Joanna Dupont-Inglis, directrice des affaires européennes chez Bioplastiques Europe.

Biosourcé et biodégradable : deux conditions à respecter

L'intérêt de la bioéconomie est de créer et conserver le carbone vivant, en opposition avec le carbone " mort ", qui lui ne se renouvelle pas. L'industrie agro-alimentaire est une ressource immense en matière de biomasse. " C'est près de 50% de la biomasse. Et c'est aussi un des secteur les plus polluant. Il y a une alliance à trouver ", indique François Monnet. Se servir de biodéchets comme les restes alimentaires, les matières agricoles non utilisées dans un procédé de fabrication produit ou développer de nouvelles matières responsables à partir de biomasse, tels sont les enjeux de la bioéconomie.

Les déchets existants seraient alors considérés comme des matières premières et une économie circulaire à grande échelle pourrait se mettre en place, le tout en stockant du carbone au lieu d'en émettre. Seul bémol : biosourcé ne rime pas forcément avec biodégradabilité. Or, si l'enjeu de créer de nouvelles matières premières est primordial économiquement, ces nouvelles matières devront être biodégradables pour ne pas déplacer le problème environnemental, tout aussi préoccupant.

Un enjeu européen

L'Europe ne possède que très peu de matières premières à disposition. La bioéconomie est un marché à prendre au niveau européen pour acquérir une certaine souveraineté économique mais aussi une marge de manoeuvre industrielle. C'est une des conclusion du Green Deal Européen, qui est un plan d'investissement stratégique dans lequel la bioéconomie tient une grande place.

En Europe nous avons énormément de biomasse à valoriser, chaque européen jette 200 kilogramme par an de biomasse, ce qui représente 100 millions de tonnes par an disponibles pour créer de la matière et stocker du carbone. En ce sens, le Consortium d'Industries Biosourcées (BIC) a pour vocation de rassembler et de porter les objectifs des acteurs concernés pour créer une société basée sur la création de carbone renouvelable grâce à la biomasse disponible.

La biomasse est une ressource riche d'innovations et de possibilités. Les entreprises l'ont compris et les consommateurs attendent des solutions. La pédagogie à faire envers les clients consiste à expliquer qu'un déchet peut être créateur de matières et possède une valeur ajoutée si transformé. Le défi des entreprises, en plus de repenser leurs modèles, et de réussir à allier matériaux biosourcés et garantie de biodégradabilité.

 
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