Le commerce équitable : une solution au dérèglement climatique ?

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Le commerce équitable : une solution au dérèglement climatique ?
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Le commerce équitable séduit, de plus en plus, malgré la crise. Face aux différents enjeux climatiques et sociaux, ce commerce plus humain pourrait devenir un outil de lutte contre le dérèglement climatique.

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Même en temps de crise, les consommateurs restent attentifs à ce qu'ils achètent. L'impact d'achat et la notion de " consom'acteur " sont imprégnés dans la tête des Français. Commerce Equitable France, collectif ayant pour rôle de représenter l'ensemble des acteurs du commerce équitable en France, annonce le lancement de la quinzaine du commerce équitable, du samedi 8 mai au dimanche 23 mai. Majoritairement en ligne, ces évènements permettront de galvaniser le secteur et de montrer les liens entre commerce équitable et enjeux climatiques. La quinzaine regroupe une pluralité d'acteurs, des entreprises engagées, des associations, des groupements de producteurs, tout autant d'alternatives possibles pour défendre un nouveau modèle de société, grâce à plus de 3000 bénévoles engagés.

" Cette 21ème édition est particulière puisque la plupart des évènements seront en distanciel, mais montre l'engagement avec plus de 200 opérations sur tout le territoire ", explique Anne Boisse, responsable de la communication de Commerce Equitable France. Toutes les initiatives sont à retrouver sur le site de la quinzaine. Objectif : renforcer les liens entre consommateurs et producteurs via le commerce équitable, qui est " un partenariat de vente basé sur le bien-être social et environnemental en fonction des coûts de production et sur un partage de valeurs, d'au moins trois ans ", comme l'indique Anne Boisse.

Les chiffres du commerce équitable

Selon les résultats de l'Observatoire du commerce équitable, ce dernier a connu une hausse de notoriété fulgurante depuis 2001 où il était à 8% tandis qu'en 2020 il est à 90%. Il met également en avant quatre tendances pour l'année 2020. Il y a déjà une croissance à deux chiffres de 12% représentant 1,8 milliards d'euros pour les seuls produits issus du commerce équitable. Ensuite, l'Observatoire souligne le succès croissant du commerce équitable français, avec une hausse des producteurs labellisés " made in France " puisque ces derniers sont plus de 10 000 aujourd'hui. Il indique ensuite une synergie entre agriculture biologique et commerce équitable avec une progression des double labellisation qui atteint 59% des produits en France. Enfin, les grandes et moyennes surfaces (GMS) s'engagent à hauteur de 54% de représentation dans le secteur de distribution des produits issus du commerce équitable.

Ces évolutions s'expliquent, pour Julie Stoll, déléguée générale du collectif parce qu' " il y a une prise de conscience des liens humains qui nous unissent à chaque actions. Quand on commence à réfléchir à comment nous sommes connectés au reste du monde, en mangeant du pain le matin ou en buvant son café, on se rend compte qu'il y a des milliers de personnes derrière pour rendre cela possible. " Elle ajoute que " les entreprises qui font du commerce équitable sont dans une dynamique de partage de la valeur. Les producteurs et leurs collectifs qui bénéficient d'un prix rémunérateur et de contrats sur la durée, cela les place dans une position de sécurité économique dont nous avons besoin pour opérer des conversions pour une agriculture biologique. "

Un levier d'action contre le dérèglement climatique

En plus d'un champs d'action au niveau humain, le commerce équitable et son déploiement sont de réels enjeux climatiques. Lutte contre la pauvreté, érosion de la biodiversité, changement climatique sont autant de défis interdépendants sur lesquels le commerce équitable peut agir si une " approche articulée et une coopération sont engagées ", pour José Tissier, président de Commerce équitable France. Malheureusement, il déplore une " vision politique actuelle toujours en silos ", il prend exemple sur l'initiative qui porte sur la rémunération des agriculteurs et celui de la loi climat. La première ignore les enjeux climatiques et ceux de la transition écologique pour les agriculteurs et la seconde ne fait pas le lien avec la rémunération des agriculteurs, même si dans son article 66, le commerce équitable se voit consolidé.

" Le lien entre bien-être agricole et transition écologique ne se fait pas en politique. On peut s'interroger sur leurs capacités à répondre sur ces défis si la politique actuelle conserve ce manque de cohérence ", questionne José Tissier. Selon lui, il faut faire jouer les synergies possibles : " Les pratiques d'agro-écologie permettent de diversifier les systèmes de productions, d'introduire de nouvelles cultures, d'intégrer l'agriculture et l'élevage. Cela permet aux agriculteurs de réduire leur bilan carbone et de préserver la biodiversité, mais aussi de réduire les coûts de productions, en leur évitant d'acheter des intrants aux industriels au prix fort et le tout en bénéficiant de prix souvent majorés du fait de leur qualité de leurs produits. " Un quart des agriculteurs français vivent actuellement sous le seuil de pauvreté selon l'INSEE.

Afin d'aller plus loi que la loi Egalim en 2018, José Tisser parle d'un " plan national d'actions qui permettrait de booster les acteurs du commerce équitable pour les aider à passer à l'échelle supérieure, de façon à se qu'ils puissent peser plus fort encore sur ces enjeux. " Il met en avant deux mesures fiscales qui pourraient être déployées : la première visant à les entreprises engagées à l'aide d'un système malus ou bonus écologique et social pour " remettre en place une concurrence non faussée entre des entreprises engagées qui ré-internalisent un certain nombre de coûts, alors que leurs collègues concurrent continuent à les externaliser ". La seconde concernerait les consommateurs avec l'instauration d'une " incitation à l'aide de TVA à taux réduit sur les produits issus du commerce équitable. Il faudrait aussi renforcer les règles d'informations pour que le consommateur fassent un choix éclairé : aujourd'hui les informations sont assez complètes pour ce qui est des produits issu du commerce équitable mais il faudrait élargir à l'ensemble des produits alimentaires avec des éléments sur l'origine géographiques des ingrédients, sur les techniques de production déployées et sur le coût social du produit ", détaille José Tissier.

 
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